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La naturopathie, une vision holistique de la santé

 Avec ses nombreuses écoles et différents courants, la naturopathie est parfois perçue comme une discipline aux contours flous. Cette diversité est une grande richesse mais aussi un frein pour offrir une image claire de la pratique. Je vous propose ici de passer en revue les grands principes de la naturopathie.

Qu’est-ce que la naturopathie ?

Depuis 1978, la naturopathie est considérée par l’OMS comme une “médecine traditionnelle” au même titre que la Médecine Traditionnelle Chinoise ou l’Ayurveda indienne. Comme ces dernières, la naturopathie s’inscrit dans une vision holistique et ancestrale de la santé : elle essaye de faire la synthèse des savoir-faire anciens et des connaissances modernes pour accompagner les personnes de manière globale.

Pierre Valentin Marchesseau, biologiste et grande figure de la naturopathie française, la définissait comme ceci :

« C’est l’art de rester en bonne santé par le respect de lois naturelles et en faisant confiance à la Nature ».

La FENA, plus ancienne fédération française de naturopathes, propose sur son site la description suivante : “La naturopathie s’inscrit dans une dynamique de complémentarité avec la médecine conventionnelle et avec les autres thérapies, au service d’une approche intégrée de la santé. À la fois éducative et préventive, la naturopathie constitue une synthèse des méthodes naturelles de santé. Elle s’appuie sur les lois de la vie afin d’équilibrer le fonctionnement de l’organisme, d’optimiser la vitalité et de retrouver, de maintenir ou de renforcer la bonne santé ».

Quelle est l’origine de la naturopathie ?

Les naturopathes aiment en référer à Hippocrate pour donner du crédit à leur pratique. Si la parenté entre la vision hippocratique et la naturopathie est bien réelle, la pensée naturopathique a été structurée bien plus récemment au XIXe siècle avec le courant hygiéniste américain.

Ces praticiens, dont les plus célèbres sont certainement Benedict Lust et Herbert Shelton, vont proposer dans les années 1920 une vision de la santé tournée autour de l’auto-guérison et de l’hygiène de vie.

Dans cette optique, ils conseillent du repos, une alimentation saine et végétale, une activité physique régulière et une vie émotionnelle et sociale harmonieuse. En cela, ils sont plutôt précurseurs quand nous lisons les recommandations en cours à l’OMS aujourd’hui.

De son origine américaine, le mot naturopathie est en fait une francisation du mot naturopathy, contraction de “nature’s path”, littéralement le “chemin de la nature”. L’idée d’un accompagnement naturopathique qui remet les gens sur le chemin de la Nature est donc bien présente à l’esprit des fondateurs de la discipline.

Les piliers de la naturopathie

La naturopathie va ensuite évoluer au gré de la personnalité de ses figures de proue. En France, c’est Pierre Valentin Marchesseau qui va dans les années 30 proposer une vision revisitée de la pratique. Il va notamment poser les cinq piliers de la discipline :

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Causalisme

Rechercher « la cause de la cause de la cause » plutôt que s’arrêter uniquement à la prise en charge des symptômes.

Vitalisme

S’appuyer sur la force de vie qui anime le vivant et confère à l’être humain sa capacité à retrouver le chemin de l’équilibre en santé.

Humorisme

Aider le corps à entretenir ses humeurs (sang, lymphe, liquides intra et extracellulaires), vecteurs de maladies en cas de surcharge.

Holisme

Prendre en compte l’être humain dans sa globalité et dans toutes ses dimensions (physique, mentale, émotionnelle et spirituelle).

Hygiénisme

Appliquer des règles d’hygiène de vie : alimentation saine, exercices physiques, sommeil, gestion du stress, immersion

Évolutions et dérives de la naturopathie

Avec Marchesseau, la connexion avec la Nature est relayée comme un simple enjeu optionnel du pilier de l’hygiénisme. Il faut dire que la discipline s’est considérablement complexifiée avec les progrès scientifiques et la multiplication des connaissances sur le fonctionnement du corps humain.

Et c’est bien là que nous pouvons émettre l’hypothèse d’une certaine dérive. En voulant faire évoluer son approche et gagner en crédibilité face aux autres professions médicales, la naturopathie s’est orientée bien malgré elle vers une vision plus technique du corps.

Faut-il renier certains principes historiques de la naturopathie comme l’holisme pour s’intégrer à l’environnement médical actuel ? Chaque naturopathe doit au moins se poser cette question en son âme et conscience et faire ses choix de pratique pour accompagner au mieux ses clients.

Aujourd’hui, une expérience chez un naturopathe peut parfois être très proche de la consultation chez le médecin. Même si l’anamnèse n’a rien à voir, on retrouve un bilan et une recommandation conclue par un tour à la pharmacie. Les médicaments sont remplacés par des compléments alimentaires et le client doit avaler de la même façon des gélules en espérant retrouver la santé.

Ne faut-il pas mieux affirmer nos spécificités et jouer la carte de la complémentarité avec les médecins et leur approche allopathique ? C’est pour moi l’enjeu majeur de la mise en œuvre d’une santé intégrative comme en Allemagne ou aux USA.

Le naturopathe, comme interprète du vivant

Vis medicatrix naturae

“le pouvoir de la Nature guérit”

En faisant sienne cette citation de l’école hippocratique, le naturopathe s’inscrit pleinement dans une conception vitaliste de la santé. Adhérer à cette philosophie, c’est considérer que chaque être vivant est animé d’une force vitale mais aussi que cette force a pour origine la Nature.

Or c’est ce deuxième aspect qui s’est un peu perdu dans la pratique actuelle de la naturopathie. Si la Nature est la source de toute force vitale, l’accompagnement naturopathique doit consister à guider la personne vers cette Nature guérisseuse. Avec une déconnexion du monde naturel qui n’a jamais été aussi forte, le naturopathe doit plus que jamais endosser un rôle de guide et d’interprète.

Interprète d’abord des mots et des maux de son client grâce à sa compréhension des enjeux en matière de santé mais aussi guide pour identifier les options thérapeutiques à disposition dans la Nature. Dans ce cas précis, le naturopathe devient une sorte d’intermédiaire entre une personne et la Nature.

Toutefois, son rôle doit rester éphémère car l’objectif est bien d’autonomiser son client pour que ce dernier puisse, avec les bons outils, cheminer vers un équilibre de santé. Nous sommes bien sur la définition initiale de la discipline : remettre les gens sur le chemin de la Nature.

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